Budget 2025 : la Haute-Vienne sous pression budgétaire

17 octobre 2024 à 11h39 par Yasmine Kichou

Alors que l'État prévoit un prélèvement de 5 milliards d’euros sur les collectivités dans le cadre du projet de loi de finances 2025, le département de la Haute-Vienne fait face à des restrictions budgétaires sans précédent. Jean-Claude Leblois, président du Conseil départemental, s’alarme des répercussions sur les services publics, notamment dans les secteurs sociaux et les infrastructures.

Jean-Claude Leblois, président du Conseil départemental de la Haute-Vienne.

Crédit : FLASH FM

Des restrictions budgétaires imposées par l'État


Le projet de loi de finances 2025 place les collectivités territoriales en première ligne pour redresser les finances publiques. L'État envisage un prélèvement de 5 milliards d'euros sur leurs recettes, contribuant ainsi à un effort global de 60 milliards d’euros pour réduire le déficit public. Parmi les départements impactés, la Haute-Vienne voit son budget amputé de 12 millions d’euros, s’ajoutant aux 32 millions déjà prévus en coupe budgétaire.



« La Haute-Vienne n’est pas épargnée » - Jean-Claude Leblois, président du Conseil départemental de la Haute-Vienne.



Ces pertes s'annoncent d'autant plus critiques que les dépenses sociales explosent, notamment avec l'augmentation du Revenu de Solidarité Active (RSA) et les revalorisations salariales imposées par l'État.


Le gouvernement justifie ces mesures par la nécessité de ramener le déficit public de 6,1 % du PIB en 2024 à 5 % en 2025. Cependant, les collectivités, qui assument une part importante des dépenses de solidarité nationale, se disent asphyxiées par des charges croissantes et des ressources en chute libre.


Haute-Vienne : des services publics menacés


En Haute-Vienne, l’impact des restrictions budgétaires risque d’être sévèrement ressenti sur le terrain, avec de lourdes conséquences pour les personnes fragiles économiquement. Le département, dont une part importante des dépenses est consacrée aux aides sociales et à l’entretien des infrastructures, se voit contraint de réduire ses investissements. Les services publics locaux sont menacés, notamment les secteurs de l’éducation avec les collèges, des infrastructures routières, et du soutien aux communes.


Jean-Claude Leblois, président du Conseil départemental, tire la sonnette d'alarme. Selon lui, la ponction de l'État est incompréhensible et injuste, surtout pour les départements comme la Haute-Vienne qui doivent gérer l’explosion des dépenses sociales. Ces dernières représentent 70 % du budget départemental, laissant peu de marge de manœuvre pour les autres missions. Par ailleurs, l’envolée des prix des matières premières et de l’énergie ajoute une pression supplémentaire sur les finances.



« Mis bout à bout (les prélèvements de l’Etat) c’est terrible et la raison que l’on nous donne est malhonnête intellectuellement » - Jean-Claude Leblois.



Un effet ciseaux qui étrangle les départements


Le département de la Haute-Vienne n’est pas le seul concerné par cette crise. Le phénomène « d’effet ciseaux », où les dépenses augmentent alors que les recettes chutent, touche une majorité des départements français. Depuis 2022, les recettes issues des Droits de mutation à titre onéreux (DMTO), autrefois source clé de financement, ont drastiquement chuté, perdant 18 % en 2023 et 16 % en 2024 pour la Haute-Vienne.


En parallèle, les dépenses imposées par l'État, comme la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, grèvent encore davantage les finances locales. Face à cette situation, certains départements risquent de ne plus pouvoir assumer leurs missions d’ici la fin de l’année, et des choix difficiles devront être faits.


Quelles solutions pour sortir de l’impasse ?


Jean-Claude Leblois et ses collègues élus appellent à des mesures urgentes pour éviter une paralysie des services publics. Parmi leurs revendications figurent la revalorisation de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) indexée sur l’inflation, et un fonds de sauvegarde abondé à hauteur de 500 millions d’euros pour soutenir les départements les plus en difficulté. La Haute-Vienne, qui affiche un manque structurel de 41 millions d’euros pour équilibrer son budget 2025, fait partie de ceux nécessitant un soutien immédiat.



« La solution existe : taxer la fraude fiscale et les milliardaires » - Jean-Claude Leblois.



Face à l'augmentation des risques, comme les incendies ou la dégradation des infrastructures, les départements demandent également une refonte du modèle de financement de la sécurité civile et des infrastructures routières. En l'absence de ces réformes, de nombreux projets, comme la rénovation des collèges ou les aides aux communes, seront reportés ou annulés.


La solidarité nationale en jeu


La situation financière des départements, et en particulier de la Haute-Vienne, soulève des questions cruciales sur la répartition des compétences et des ressources entre l'État et les collectivités. Si les restrictions budgétaires se poursuivent sans compensation, c'est la cohésion nationale qui pourrait être mise à mal, avec un impact direct sur la vie quotidienne des habitants du Limousin et des autres territoires.