Corrèze : 3e jour de grève pour les salariés de l'ADMR 19

17 avril 2024 à 15h55 par Hugo Kucharski

Depuis ce lundi 15 avril 2024, les salariés de l'ADMR 19, ex-ADAPAC, sont mobilisés devant les locaux de l'association, afin de faire entendre leur voix concernant des conditions de travail qui se dégradent.

Les tentes sont installées, les couvertures de survie sont sur le dos : pour ce 3e jour de mobilisation des salariés de l'ADMR 19, à Brive-la-Gaillarde, l'heure est à l'alerte pour la direction. "On veut leur montrer qu'on joue notre survie", déclare haut et fort Sandrine Mas, secrétaire du syndicat CGT. Depuis ce lundi 15 avril 2024, plusieurs salariés sont en grève, afin d'alerter sur leurs conditions de travail toujours plus dégradées, mais pas seulement. 


"On n'est pas arrivés comme ça par hasard"


Cette mobilisation, qui a donc débuté en début de semaine, se poursuit ce mercredi, et pourrait encore durer quelques jours de plus. "On n'est pas arrivés comme ça par hasard", nous explique Sandrine. On a envoyé des revendications avant de se mobiliser à notre directeur".


La raison de la grogne ? Des dysfonctionnements au niveau administratif. "Il y a une désorganisation du système administatif, depuis le 1er février. Ça a engendré des plannings qui ne correspondent pas du tout aux besoins ni aux qualifications des personnes qui le recevaient".


En première ligne de ces dysfonctionnements : les quelques 2.000 usagers de cette association d'Aide à Domicile. "Les plannings, ce sont les deux jambes de l'aide à domicile. Si vous enlevez ça, on s'écroule. Si vous avez planifié des heures de repas de midi à 9 ou 10 heures du matin, les gens ne sont pas satisfaits, ce n'est pas entendable. On peut pas faire ça", s'indigne la secrétaire du syndicat CGT. 



"On traite de dépendance et du handicap, on est pas en train de compter des boîtes de conserve sur une chaîne. Les usagers sont mécontents. Certains nous ont apporté à manger, d'autres sont venus signer. On ne les a pas sollicités, car on en a pas le droit. Mais ils sont venus, ils lisent la presse, ils écoutent. Ils sont venus nous soutenir" Sandrine Mas, secrétaire du syndicat CGT. 



"Même si on est motivés, on s'épuise"


Les problèmes ne dateraient d'ailleurs pas d'hier. En effet, l'ADAPAC avait été placée en liquidation judiciaire, au début de l'année, suite à de grandes difficultés financières. Avant que l'ADMR ne reprenne l'association et tous ses salariés en main dans la foulée. Cependant, cela n'a pas arrangé la situation des quelques 270 salariés qui sont actuellement embauchés à l'Association. 


Parmi les revendications, on retrouve notamment un non-respect des mi-temps thérapeutiques pour certains salariés, ainsi que des temps de pause et temps de travail. "Ici, ils pratiquent les heures bloquées", détaille Sandrine. "Au-delà de 48 heures par semaine, la salariée ne peut plus travailler. L'ordinateur, lui, le sait : il bloque tout. Mais derrière, on rajoute à la main du temps à la salariée pour qu'elle aille jusqu'à 50, 51 heures... C'est plus possible. Même si on est motivés, on s'épuise", déplore-t-elle. 


Un dialogue a été ouvert avec la direction au sujet de toutes ces revendications. "Le premier jour, on nou a reçus. On nous a dit qu'on découvrait certaines choses, qu'on allait être vigilants et corriger tout ça... Et le second, on a eu un échange avec le directeur pendant quand même une quarantaine de minutes. Sa position n'a pas changé : il nous dit de lui laisser du temps" explique la secrétaire de la CGT.



"On nous a dit que certains problèmes venaient de l'ADAPAC... On le sait, on a vécu la procédure pendant plus d'un an. On n'est pas là pour ça. On connaît ces problèmes. Nous, on est là pour dénoncer les problèmes qui sont venus se RAJOUTER à ceux de l'ADAPAC... C'est une saturation totale"



La mobilisation pourrait encore se poursuivre. Chaque soir, un vote est soumis afin de savoir si la grève est maintenue, ou non. "Ça se décide à la démocratie. Il faut savoir tout de même que certains sont grévistes tout au long de la journée, mais travaillent tout de même le soir. On a une conscience professionnelle", conclut Sandrine Mas. Reste à savoir si la situation se décantera rapidement, ou si la musique et les chants continueront de résonner à l'entrée du bâtiment pendant les jours à venir...