Les abeilles en voie de disparition, le syndicat des Abeilles du Limousin s'alarme

Publié : 24 août 2017 à 14h45 par Denis Surfys

Une étude américaine a récemment officiellement classé certaines espèces d’abeilles comme espèce en voie de disparition. Plus largement, en Haute-Vienne comme ailleurs, la situation des insectes pollinisateurs alarme les apiculteurs, car les conséquences sur la bio-diversité sont déjà visibles. 

C’est ce qui inquiète Alain Roby, président du syndicat des apiculteurs du Limousin. Nous sommes allés à sa rencontre pour qu’il partage son sentiment, et ses solutions.

Les abeilles sont indispensables au bon fonctionnement de la bio-diversité, elles permettent à 80% des espèces végétales sur terre de se reproduire. De plus, leur activité génère une forte valeur économique (153 milliards de dollars par an).

« Dans les années 80 le combat contre les molécules pesticides, était intense, mais c’est comme pour le dopage, les fabriquant de produits chimiques avaient toujours une longueur d’avance sur nous. Lorsqu’on allait en procès pour faire interdire une de ces molécules, une autre plus importante apparaissait dans le même temps. C’est là qu’a commencée la disparition des abeilles.
Il faut absolument éviter de massacrer la nature avec l’utilisation de produits chimiques. Il vaut mieux utiliser de l’huile de coude pour nettoyer plutôt qu’utiliser du désherbant ou du débroussaillant à une période où la flore est en épanouissement. Les bords de routes ne sont d’ailleurs plus fauchés plusieurs fois par an, mais seulement lorsque la flore est passée. Ces bords de route grouille d’insectes et d’animaux qui se nourrissent de la flore en générale très développée à ces endroits là.»

Les pesticides sont effectivement une des premières causes de l’affaissement du nombre d’abeilles présentes sur Terre. Mais pas seulement :

«Les effets du changement climatique sont également terribles sur l’apiculture. La sécheresse de cet été ou le gel du mois d’avril, ont détruits beaucoup d’arbres fruitiers... »


"L'abeille locale Limousine disparait progressivement"

« Les apiculteurs ont également une part de responsabilité, ils se sont laissés séduire par un type d’abeille hybride, soit disant pour augmenter leur protection car elles ne piquent pas. A cause de ce choix, l’abeille locale de notre région à par exemple quasiment disparue. Or la nouvelle espèce ne sait pas s’adapter aux changements climatiques qui s’annoncent puisque créée par l’Humain. Les abeilles dites naturelles elles n’ont pas ce problème, elles savent s’adapter même avec difficultés, elles savent survivent. »

De plus, les autres pollinisateurs ne sont pas en meilleure situation, selon Alain Roby, c’est même l’ensemble de l’équilibre de la bio-diversité qui va mal :

« C’est un ensemble, si l’environnement est déphasé, détruit ou malmené, automatiquement les auxiliaires, abeilles ou faux bourdons, bourdons… Tous les pollinisateurs sauvages qui favorisent la vie, si ils disparaissent, notre menue alimentaire serait triste, très très triste.»
S’orienter vers une consommation locale



"Pour sauver les abeilles, qui ont maintenant en voie de disparition, il faut s’orienter vers une consommation locale, en allant sur les marchés de producteurs ou d’apiculteurs qui sont présents dans les communes d’habitation. Afin de consommer du miel produit localement. Cela favorise les apiculteurs, et par la même occasion la vie des abeilles, car même un petit apiculteur, dit « amateur » avec une ruche ou deux dans son jardin, contribue à la pollinisation de son secteur sur près de 3km. Il faut soutenir ces gens-là.»



« Au niveau des essaims d’abeilles, s’ils se posent sur un arbuste dans votre jardin, faites appelle à un apiculteur, il se déplacera toujours pour récupérer cet essaim. Dans le cas d’une installation dans une cheminée, soit vous le voyez arriver et vous allumez du feu afin d’empêcher cette installation, soit il est déjà installé, et dans ce cas et si la cheminée est abandonnée il faut les laisser faire, elle participeront à la pollinisation locale de votre environnement. SI cela vous gène la seule solution est de les détruire. »

Interview d'Alain Roby, Président du syndicat des apiculteurs du Limousin :