Corrèze : L'extension de la scierie d'Égletons fait débat

15 mai 2024 à 19h49 par Hugo Kucharski

À Égletons, en Corrèze, le projet d'extension de la scierie fait grandement débat. Notamment en raison de l'expropriation d'une vieille dame, âgée de 85 ans, qui a vu sa maison être mise en vente pour permettre au projet de mega-scierie de voir le jour.

Illustration bois 150524 Corrèze

C'est un projet qui fait débat depuis maintenant des années. La scierie d'Égletons, qui souhaite s'agrandir, a fait un nouveau pas de plus dans cette direction ce lundi 13 mai 2024. En effet, un conseil communautaire s'est tenu, au cours duquel était débattue la mise en vente de la maison de Madame Monjanel, 85 ans, qui se trouve sur le territoire visé pour le projet d'extension. 

"Ça faisait vraiment mal au coeur" 

Au cours de ce conseil communautaire, la propriétaire de la maison était présente. Tout comme une soixantaine d'opposants, qui s'étaient dans un premier temps rassemblés sur le site de la scierie afin de montrer leur soutien à la vieille dame. "Ça faisait vraiment mal au coeur. On parle de sa maison, on sait très bien qu'en Corrèze les gens mettent tout leur coeur et toute leur vie dedans", s'indigne Amande Dewaele, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine du groupe des écologistes. "On en parlait comme d'un problème d'ordre financier, et elle était là... Il y avait un gros malaise dans la salle". 

Ce projet est mûrement réfléchi de la part de l'entreprise en charge de la scierie. Rachetée il y a quelques années par un groupe landais, le projet est de faire de cette scierie la plus grande et la plus performante de France. "Mais au milieu de tout ça, il y a une victime, c'est Madame Monjanel", explique madame Dawaele. "Elle est installée là depuis 1970. Ça allait très bien avec la scierie, il n'y avait pas de souci particulier, elle vivait à côté sans problèmes. La communauté de communes a demandé l'expropriation et de deux agriculteurs, à qui on a pris une partie de leurs terres, pour ce projet d'extension", explique la conseillère régionale. Une expropriation validée par le tribunal. 

10 opposants au projet et 3 abstentions 

Au cours du conseil communautaire, un vote a été soumis quant à la vente de cette maison par la communauté de communes à la scierie. Un vote qui aura récolté 10 oppositions, et 3 abstentions, sur une quarantaine de votants. "Il y a de la colère, de la tristesse pour la dame, de la gêne... On se demande comment les élus peuvent vivre avec ça", lâche Amandine Dewaele. "C'est une dame qui vit sur leur territoire, tout de même..."

"Quand des questions ont été posées par l'opposition, comme 'pourquoi c'est urgent de vendre cette maison alors qu'un appel a été fait sur cette décision de justice ?', on nous a répondu qu'il y avait besoin d'argent". 

Une "précipitation" dans les démarches qui n'est pas comprise par les opposants au projet. "Vu qu'il y a un appel, tout est bloqué. Donc à quoi ça sert de se précipiter ? On nous explique que des jeunes dans la misère ont besoin de travailler. Il va y avoir des emplois créés, c'est sûr, mais c'est trop peu en comparaison du désastre écologique et surtout du problème humain que cela pose", explique-t-elle. 

En tout cas, le projet a été pour le moment mis en suspens par l'entreprise, et ce malgré la décision favorable lors du conseil communautaire. Selon l'entreprise, le but est avant tout d'éviter les conflits, et le projet a été mis en pause en raison de nombreuses procédures en cours. De leur côté, les opposants assurant que "l'histoire ne va pas s'arrêter là". Affaire à suivre, donc, alors qu'un autre rassemblement est prévu du côté de la Creuse, à Guéret, le 30 Juin devant l'Usine à pellets.