Le procureur de Limoges soupçonné de manquements déontologiques
7 février 2024 à 14h34 par Yasmine Kichou
Une enquête administrative avait été lancée à l’encontre du procureur de Limoges, il y a plus de deux ans, pour des comportements inappropriés, des propos sexistes ont notamment été rapportés.
Audience disciplinaire et possibles sanctions
Le procureur de Limoges, Baptiste Porcher, 47 ans, a comparu le mardi 6 février 2024 devant le Conseil supérieur de la magistrature. Il lui est reproché d’avoir tenu des propos déplacés à l’égard de plusieurs femmes du tribunal ces dernières années. Poursuivi pour "des manquements à la délicatesse et à la dignité du magistrat", le ministère de la Justice a réclamé sa mutation d’office.
Accusé de propos sexistes et graveleux
En août 2022, des membres du Parquet ont alerté le parquet général sur des comportements inappropriés du procureur de Limoges, incluant des propos sexistes envers six collaboratrices et des regards déplacés sur leurs poitrines et leurs jambes. L’enquête du Conseil supérieur de la magistrature a permis de recueillir les témoignages de plusieurs femmes, magistrates ou auxiliaires de justice, généralement très jeunes, qui se plaignent des propos sexistes et misogynes de celui qui dirige le parquet de Limoges depuis quatre ans, et même lorsqu’il exerçait son précédent poste au tribunal de Laon.
Un retrait de fonction possible
Le procureur nie les accusations et affirme vouloir laver son honneur, justifiant certains propos comme de l'humour "second degré". Pourtant, de nombreux témoignages évoquent des blagues ordurières et des remarques sur l'apparence physique des femmes, créant un malaise et du harcèlement selon certaines d’entre elle. D’après nos confrères du journal Le Parisien, des hommes évoquent aussi une ambiance « lourdingue » alimentée par des plaisanteries vulgaires, voire à caractère sexuel.
Un supérieur direct compétent
Tous les rapports soulignent que Baptiste Porcher est un excellent procureur qui a remis en marche un parquet de Limoges, en crise avant sa nomination. "Ses qualités juridictionnelles sont exemplaires", reconnaît le Directeur des services judiciaires, "mais on ne peut plus tolérer ce type de comportement qui nous renvoie à des situations que nous connaissons tous devant nos tribunaux."
Une décision le 12 mars
Le Conseil supérieur de la magistrature est chargé de statuer sur l’avenir professionnel du mis en cause, avec des recommandations pour un retrait de fonction et un déplacement d'office émanant du directeur des services judiciaires. La décision finale sera prise par le ministre de la Justice, potentiellement le 12 mars prochain, date à l'issue de laquelle nous saurons si le procureur de Limoges est relevé de ses fonctions et/ou affecté ailleurs.