Haute-Vienne : mobilisation contre la méga-ferme de Peyrilhac

Publié : 11h08 par Yasmine Kichou

Projet de méga-ferme à Peyrilhac : les associations et riverains mobilisés dénoncent un modèle agricole controversé et une préparation jugée insuffisante par T'Rhéa.

Le projet de centre d'engraissement bovin à Peyrilhac, porté par la société T'Rhéa, continue de cristalliser les tensions. Malgré une révision à la baisse du nombre de bovins, passant de 3 100 à 2 120 têtes, l'opposition au projet reste massive. Associations, riverains et experts dénoncent un manque de préparation et pointent les nombreuses zones d'ombre du dossier.


Un projet fragilisé par des avis défavorables


Depuis la première enquête publique en avril 2024, où 99 % des 11 000 contributions s’étaient exprimées contre le projet, les critiques ne faiblissent pas. La Mission régionale d’autorité environnementale (MRAe) a récemment émis un rapport accablant, soulignant des carences : absence de bilan carbone, manque de maîtrise foncière, gestion imprécise des effluents et des eaux, ou encore incertitudes sur l'utilisation d’un méthaniseur voisin. Ces lacunes, jugées rédhibitoires, fragilisent la viabilité du projet.



Vincent Laroche, administrateur et porte-parole de l’association Terre de Liens en Limousin : « On a un rapport de l'autorité environnementale et ce rapport, il pointe de grosses faiblesses. Il y a pas mal de zones de flou qui ont été relevées, bien que le projet ait été revu, on est six mois après la première enquête publique et malgré cela, le porteur de projet manque toujours autant de clarté dans son dossier, notamment sur l'état actuel de l'exploitation aujourd'hui, sur la gestion du foncier, sur sa maîtrise du foncier, puisqu’il y a beaucoup de propriétaires qui sont concernés qui n'étaient même pas au courant du projet. (…) Le méthaniseur qui serait situé à Saint-Laurent-sur-Gorre on n'en connaît pas les contours aujourd'hui, voilà il y a le manque de précision concernant le suivi de la qualité des eaux, l'absence de bilan quantifié des émissions de gaz à effet de serre, bref sur les impacts environnementaux il y a encore énormément de zones d'ombres. »



Une opposition locale affirmée


Les conseils municipaux des communes concernées se montrent également défavorables. Peyrilhac et Veyrac ont voté contre le projet, mettant en lumière les tensions avec les riverains, qui dénoncent une pression inutile sur leurs communautés. Par ailleurs, plusieurs propriétaires de terres prévues pour le projet ont affirmé leur refus de reconduire les baux ruraux, menaçant directement la faisabilité du plan d'épandage.



Vincent Laroche : « Le préfet, dans le cadre de l'instruction du dossier, a demandé aux communes concernées de se positionner vis-à-vis de ce dossier. Il y a deux communes qui ont émis des avis défavorables, donc la commune de Peyrilhac qui est au cœur de ce projet et puis la commune de Veyrac, où il y a 80 à 90 hectares de terre qui étaient concernés par ce projet. (…) Nous on s'oppose à ce projet pour différentes raisons, ces impacts environnementaux et le modèle agricole qui est proposé, qui est une véritable industrialisation de l'agriculture limousine. »



Un abattoir au cœur des préoccupations


L’abattoir de Limoges Métropole, impliqué dans ce projet, devient un autre sujet de discorde. Selon les syndicats, la société T'Rhéa, qui détient d'autres abattoirs régionaux, pourrait privilégier ces derniers, mettant en péril les emplois à Limoges. Les déclarations du représentant de T'Rhéa, évoquant un possible désengagement si le projet de Peyrilhac échoue, sont perçues comme un « chantage à l'emploi ».


Un avenir incertain pour le projet


Avec une enquête publique complémentaire repoussée à février 2025, les opposants espèrent un abandon pur et simple du projet. Les associations plaident pour une agriculture locale et durable, à rebours d’un modèle agro-industriel qu'elles jugent destructeur pour l’environnement et l’économie locale.