Haute-Vienne : Mobilisation des agriculteurs contre le Mercosur
19 novembre 2024 à 19h29 par Yasmine Kichou
Les agriculteurs de la Haute-Vienne se mobilisent contre le projet d'accord de libre-échange UE-Mercosur. Dégustations, "panneaux en otage" et rassemblements rythment les actions de protestation cette semaine.
Une semaine sous le signe de la colère agricole
Ce lundi 18 novembre 2024, les agriculteurs de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) de Haute-Vienne ont lancé une série d’actions à Limoges pour dénoncer le projet de traité de libre-échange avec les pays du Mercosur. La mobilisation a débuté par une dégustation gratuite de viande locale sur la place Denis Dussoubs, pour mettre en avant la qualité des produits français face à la concurrence étrangère.
Boris Bulan, éleveur à Cheronnac et président de la FDSEA 87 : « On est là contre le Mercosur, c'est un enjeu énorme. Monsieur Macron il y a quelques années avait dit qu'il ne signerait jamais et aujourd'hui avec les élections européennes l'Europe remet ça sur le tapis. »
Côté politique, Jean-Claude Leblois, Président du Conseil départemental de la Haute-Vienne présent place Denis Dussoubs, à afficher son soutien au mouvement : « On n’a pas à hésiter aujourd'hui pour soutenir le milieu rural bien que les politiques nationales, et même au-delà aujourd'hui, ne vont pas dans le sens du travail, de l'implication et de la production locale. Nos paysans, nos agriculteurs, nos producteurs souffrent et ne peuvent pas vivre de leur travail. Ils doivent être reconnus et c'est pour cela que nous sommes les porteurs de messages. »
Panneaux kidnappés et "feux de la colère"
Depuis plusieurs jours, des panneaux communaux ont été "kidnappés" par les syndicats agricoles pour symboliser leur colère. Ces derniers ont été utilisés pour décorer la place avant d’être restitués en fin de journée devant la préfecture de Limoges, accompagnés de tracteurs et de braseros allumés comme "feux de la colère". Les maires des communes concernées étaient invités à venir les récupérer en signe de soutien.
Léa Senon est agricultrice dans le nord de la Haute-Vienne à Rancon et représentante des Jeunes Agriculteurs : « Nous, on se casse le cul à faire de bonnes productions dans les normes et (avec le Mercosur) on importe de la viande pour nos collectivités, donc que ce soit pour nos grands-parents en EHPAD ou nos enfants à l'école, bourrée de pesticides et d'OGM, qui vient d'Amérique du Sud, alors que ça serait si facile de faire des contrats avec des producteurs de viande locale. »
Suite de la mobilisation mardi et au-delà
Ce mardi 19 novembre 2024, la Coordination Rurale 87 a pris le relais avec des convois de tracteurs convergeant vers la préfecture de Limoges en fin de matinée, puis une rencontre avec le préfet à 14 h 30.
Du lisier et du fumier ont également été déversés devant l’ASP.
Selon Thomas Hégarty, président de la Coordination Rurale 87, les agriculteurs prévoient de poursuivre leur action si rien n’est obtenu.
Thomas Hégarty, président de la CR87 : « Suite aux actions de début d'année dans nos fermes, rien n'a changé, tout est pareil qu'avant, c'est toujours aussi compliqué, la charge administrative est toujours aussi importante. On a beaucoup de problèmes qui s'accumulent (...) notamment des problèmes sanitaires, de mauvaises récoltes, il n'y a plus de trésorerie, et le Mercosur, nous, c'est clair, on n’en veut pas. »
La Confédération Paysanne prévoit également d’organiser des actions dès le mercredi 20 novembre 2024 et dans les jours à venir.
Les syndicats agricoles qui dénoncent la concurrence déloyale qu’entraînerait l’accord Mercosur pour les exploitations locales déjà fragilisées, appellent le gouvernement à un "ultime sursaut" pour protéger l’agriculture française.
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