Forte hausse des tentatives de suicide chez les jeunes

9 mars 2021 à 15h32

FLASH FM

Pour le mois de janvier 2021, les urgences pédiatriques de l’hôpital mère enfant du CHU de Limoges ont compté 70 passages dont 11 tentatives de suicide. A titre de comparaison, à la même période de 2020, il n’y avait eu que 39 passages (dont une seule tentative de suicide). La tendance a été confirmée en février 2021 avec 50 passages contre 20 l’année précédente. Il s’agit là d’une hausse très importante des admissions pour des motifs sévères. Les idées suicidaires ont nettement augmenté et les problèmes d’anxiété s’aggravent.

Le Dr Aymeric Dallochio (chef du service des urgences pédiatriques du CHU Dupuytren) :« On pense que c ‘est difficile d’être jeune en 2020 et 2021, il y a beaucoup d’étapes de la vie d’un adolescent qui ont l’impression d’être un petit peu zappé, les jeunes s’en rendent bien compte. Il y a des climats familiaux qui sont, de plus en plus, pesant et tout ceci joue sur le moral de nos jeunes. On entend beaucoup de médecins qui s’inquiètent de la dégradation actuelle des conditions sanitaires et qui demandent un nouveau confinement. Avec peu de recul, nous constatons que le confinement a pu avoir des effets très inquiétant sur notre jeunesse. Un nouveau confinement pourrait avoir des effets très délétère ».

Au niveau des urgences à l’HME il n’y a pas de soucis d’effectifs, le service arrive à faire face à cette augmentation. Le problème c’est la prise en charge et le suivi des patients sur la durée. Les difficultés existaient bien avant la crise sanitaire mais elles se sont accentuées. Il faut maintenant « prioriser » les patients.

Le Dr Bertrand Olliac (pédo-psychiatre au CH Esquirol) :  » En janvier, le pôle de pédiatrie a eu 81 demandes de prise en charge pour des patients de 6 à 18 ans. Et 68 demandes pour le mois de février. Il y a urgence à s’occuper de la jeunesse. Ce n’est pas acceptable de ne pas pourvoir sauver des jeunes qui sont en train de se noyer. Les maux sont nombreux : l’incertitude, le fait de ne pas avoir un processus d’adolescence « normal » avec une ouverture vers le monde et la multiplication des interactions, des relations ‘amicale ou amoureuse’. Ils se retrouvent sous le contrôle des parents, qui sont eux-même, inquiets. Certaines angoisses deviennent, pour certain, ingérables et, quand la souffrance est trop forte de préférer mourir que de continuer à souffrir de la sorte ».