Le président de Limoges Métropole n’en peut plus du stationnement illicite des gens du voyage
14 juin 2022 à 17h53 par Johan Detour
Guillaume Guérin, le président de la communauté urbaine Limoges métropole a convoqué la presse ce mardi 14 juin 2022. En compagnie notamment du maire de Limoges, Emile Roger Lombertie, et du président de la Chambre de commerces et d’industrie, Pierre Massy, Guillaume Guérin a souhaité faire part de son indignation. Car à ce jour, près de 80 caravanes sont encore installées illicitement sur la zone d’activités de la Grande Pièce au nord de Limoges.
Un frein au développement économique
Après de nombreuses alertes effectuées auprès de la préfecture de la Haute-Vienne, plusieurs arrêtés de « mise en demeure d’évacuer les terrains occupés » pris par celle-ci, non suivis d’actes de départ et souvent non appuyés par la mise en œuvre d’arrêtés d’expulsion, Limoges Métropole se voit aujourd’hui contrainte de rechercher de nouvelles solutions. L’objectif de la collectivité est de « retrouver l’usufruit total de ses terrains, destinés principalement à la vente auprès d’entreprises endogènes ou exogènes ». Son président Guillaume Guérin en a donc « marre d’être interpellé par des entrepreneurs qui nous expliquent qu’ils ne peuvent pas travailler ou utiliser des terrains dont ils sont propriétaires, parce qu’il y a des occupations illicites par des gens du voyage sur ces terrains ».
Selon la communauté urbaine, « l’occupation constante par les gens du voyage de ces parcelles est un réel frein à la vente ». La collectivité explique que « certaines entreprises intéressées ont récemment préféré renoncer à ces achats pour cause de non-possibilité de visites des espaces, et par l’image que ces occupations renvoient du périmètre économique de la Grande Pièce ».
Une situation « insupportable »
Pour Guillaume Guérin, la situation est « insupportable, d’autant plus que Limoges Métropole répond à tous les critères légaux en matière d’accueil de ces populations. Nous avons une aire de grand passage, six terrains familiaux, nous sommes en train d’en créer un autre à Verneuil-sur-Vienne et à Condat-sur-Vienne, des communes de plus de 5 000 habitants, comme nous le demande la Loi ! Nous sommes donc en conformité et nous comprenons donc moins bien le fait qu’il y ait encore des stationnements illicites ».
Dans le cadre de l’exercice de la compétence « aménagement, entretien et gestion des aires d'accueil », Limoges Métropole est en effet conforme au schéma départemental d’accueil des gens du voyage, en assurant la gestion d’aires d’accueil et d’une aire de grand passage. Mais au-delà du simple respect de ces exigences, Limoges Métropole « a engagé une réflexion afin de pouvoir proposer une stratégie globale à la question des gens du voyage, prenant en compte l’accueil des groupes de voyageurs, le phénomène d’ancrage territorial et de sédentarisation des ’’gens du voyage locaux’’ et les obligations réglementaires ».
Pour que cette stratégie puisse répondre efficacement à l’accueil de ce public, la communauté urbaine pense qu’« il est indispensable que tous ces enjeux soient pris en compte de manière complémentaire. Aussi, devant une situation qui parait aujourd’hui incontrôlable - les collectivités se trouvant démunies de nouveaux recours administratifs - de nouvelles solutions doivent être trouvées rapidement avec la préfecture pour rétablir la quiétude dans cette zone d’activités ».
Guillaume Guérin dit comprendre « le ras-le-bol des entrepreneurs » et souhaite souligner deux points : « D’abord, sur la Loi Besson*, je pense qu’il y a des améliorations à faire à l’échelle nationale. Ensuite, je dis aux services de l’État que les arrêtés d’expulsion doivent être appliqués. Au même titre que le maire de Limoges, Emile Roger Lombertie, je n’ai pas la capacité juridique d’expulser les gens du voyage. C’est à l’État de prendre ses responsabilités » abonde l'élu.
Le président de Limoges Métropole réfléchit désormais à des solutions qui permettraient de sécuriser les terrains et d’empêcher ainsi les véhicules de s’y introduire. Et puisque les blocs de pierre ne semblent pas suffire, Guillaume Guérin pense à l’éventualité de « creuser des tranchées » tout autour des terrains. Affaire à suivre.
*La loi dite Besson oblige notamment les villes de plus de 5 000 habitants à prévoir des « conditions de passage et de séjour des gens du voyage sur son territoire, par la réservation de terrains aménagés à cet effet ».