Projet de porcherie industrielle à Vicq-sur-Breuilh
Publié : 5 novembre 2024 à 20h50 par Yasmine Kichou
À Vicq-sur-Breuilh, un projet de porcherie industrielle visant l’élevage de 1.000 porcs sur 1.000 m² suscite une forte opposition parmi les habitants. Entre risques environnementaux, bien-être animal et impacts économiques, le collectif d’opposants exige des garanties et une enquête publique.
Un projet agricole qui divise la commune
À Vicq-sur-Breuilh, commune d’environ 1.400 habitants en Haute-Vienne, le projet de porcherie industrielle porté par le Gaec Berland suscite une levée de boucliers. Prévue pour abriter 1.000 cochons sur une surface de 1.000 m², l’exploitation inquiète les riverains pour son impact potentiel sur l’environnement, le bien-être animal et la qualité de vie locale. En réponse, un collectif d’habitants s’est constitué, dénonçant des risques de pollution, de nuisances et d’impact sur le bien-être animal, comme nous l’explique Patrick Piquet, habitant de Brégéras, lieu où se situe le projet d’implantation de cette porcherie industrielle :
" Nous on s'est installés à la campagne chez des agriculteurs qui nous ont accueilli, des agriculteurs qui font un métier noble et nourricier pour la population et aujourd'hui on veut nous implanter une entreprise industrielle et ça va l'encontre de nos valeurs, nos principes et en plus ces industries-là au niveau bien-être animal, c'est quelque chose d'horrible puisque pour 1000 m² y va y avoir 1000 porcs, un peu moins d'un mètre carré par porc, c'est quelque chose qui est imaginable aujourd'hui (...) ça représente des nuisances, des risques olfactifs, il y a le bruit, la rotation des camions, enfin il y a un grand nombre de choses, comme le prélèvement dans la ressource en eau de la commune qui est déjà un peu critique vu la population de la commune et nos ressources. Donc, voilà, on a des questions et on attend des réponses."
Pollution et consommation d’eau
Classé ICPE (Installation Classée pour la Protection de l'Environnement), le projet pourrait entraîner des pollutions de l’eau et des sols, notamment par le lisier des animaux, qui serait épandu sur les terres voisines. Les résidents redoutent une contamination des nappes phréatiques, mais aussi des rivières locales, ce qui affecterait la biodiversité. De plus, le collectif dénonce une consommation d’eau excessive pour ce type d’exploitation intensive, alors que la commune subit déjà des restrictions d’eau en période de sécheresse.
Bien-être animal et dévaluation immobilière en question
Les riverains pointent aussi le manque de respect du bien-être animal, craignant que les 1.000 porcs, confinés sans accès à l’extérieur, vivent dans des conditions jugées inacceptables. Ce projet, selon eux, risque également de déprécier la valeur des biens immobiliers dans les hameaux concernés, comme Brégéras, où les maisons auraient une vue directe sur la future installation.
« Ce type d’élevage intensif va dénaturer notre village », s’inquiète Patrick Piquet.
Mobilisation et pétition contre la porcherie
Pour faire entendre leur voix, les opposants ont lancé une pétition en ligne mi-octobre, qui a déjà recueilli plus de 30.000 signatures. Ce soutien national souligne une mobilisation importante contre l’élevage industriel. Le collectif demande une enquête publique, une procédure facultative pour un élevage de moins de 2.000 porcs, afin que les habitants puissent exprimer leurs préoccupations en toute transparence.
Une réunion de concertation prévue
Face aux tensions, la mairie avait prévu une réunion le 4 novembre 2024 pour aborder les enjeux du projet entre le collectif, les agriculteurs porteurs du projet et les élus locaux. La maire, Christine de Neuville, espérait parvenir à un compromis acceptable pour toutes les parties. Désormais, à la mairie, on attend d’avoir le dossier officiel pour se prononcer. Quant au Gaec Berland, il affirme vouloir respecter les normes en vigueur, mais les riverains restent sceptiques. Les travaux de ce projet controversé pourraient commencer en juillet prochain.
Crédit photo : Laurent Bourdelas, écrivain, venu habiter Vicq-sur-Breuilh pour le calme et les paysages.
- À lire aussi : Inondations en Espagne : la Haute-Vienne se mobilise