Situation critique pour la psychiatrie publique en France
29 octobre 2024 à 6h01 par Denis Surfys
Les difficultés de recrutement sont sévères : près de 23 % des postes de psychiatres dans les hôpitaux publics, sont vacants.
Onze présidents de conseil de surveillance de centres hospitaliers, dont ceux des établissements d’Esquirol à Limoges et de La Valette à Saint-Vaury, ont interpellé la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, sur l'état alarmant de la psychiatrie publique en France.
Une dégradation de l’accès aux soins
Ce secteur subit depuis des années une dégradation de l'accès aux soins, un manque de personnel et des menaces de fermetures. Entre 1997 et 2015, près de 15 000 lits de psychiatrie ont été fermés, alors que le nombre de patients suivis a explosé. Aujourd'hui, environ 13 millions de Français sont touchés par des troubles psychiques chaque année, et la situation des jeunes, notamment des 18-24 ans, est particulièrement préoccupante.
« Une grande cause nationale »
Fin septembre, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé vouloir faire de la santé mentale une "grande cause nationale" pour 2025, mais les représentants des hôpitaux souhaitent des actions concrètes. Gulsen Yildirim, présidente du conseil de surveillance de l’hôpital Esquirol, appelle à un rendez-vous avec la ministre pour aborder les besoins urgents, notamment en personnel et en financement.
Une pénurie de lit
Gulsen Yldirim (présidente du conseil de surveillance de l’hôpital Esquirol) : « Nous sommes confrontés à une pénurie de lit, de professionnels (médicaux, paramédicaux…). Les prises en charge ne sont pas efficaces, car il faut une continuité dans l’accompagnement. Tout cela aboutit à une population qui est en souffrance. Les chiffres montrent que les troubles psychologiques ou psychiatriques augmentent et il n’y a pas de réponse en face, dans la mesure où les moyens manquent dans la santé mentale".
Des difficultés de recrutement
Les difficultés de recrutement sont sévères : près de 23 % des postes de psychiatres dans les hôpitaux publics, sont vacants, provoquant des fermetures de lits et un accès limité aux soins. En Creuse, deux unités de pédopsychiatrie, La Petite Maison à Guéret et l’Hermitage à La Souterraine, risquent de fermer faute de praticiens, avec une décision attendue en novembre de l’Agence Régionale de Santé.
Pour Gulsen Yildirim, ces fermetures auraient des conséquences dramatiques pour les jeunes : "En grandissant, leurs troubles s’aggravent, et leur souffrance se traduit parfois par des comportements violents. »
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