Corrèze : Double manifestation à Tulle sur la question du Loup
Publié : 19 mars 2025 à 13h44 par Hugo Kucharski
Ce mercredi 19 mars, deux manifestations se tenaient simultanément à Tulle, sur la question du loup. D'un côté, l'association One Voice, pour protéger l'espèce de retour en Corrèze ; et de l'autre, les agriculteurs, pour protéger leurs élevages et leurs troupeaux. De quoi créer un cocktail électrique...
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L'ambiance était tendue, en ce mercredi 19 mars 2025, du côté de Tulle. Suite à l'observation faite par des Creusois d'un couple de loups sur le Plateau de Millevaches, l'association One Voice a lancé une pétition, qui a déjà recueilli plus de 50.000 signatures, afin de protéger cette nouvelle meute de loups sur le territoire. Une manifestation était organisée à 10 heures, ce mercredi matin, devant la Préfecture de la Corrèze par l'association.
"Le grand méchant loup, ce n'est que dans les contes"
La Présidente de One Voice, Muriel Arnal, s'est déplacée pour l'occasion. Corrézienne d'origine, cette dernière se réjouit du retour des loups sauvages sur le territoire. "Le but de cette manifestation, c'est de dire qu'il y a urgence à protéger ce couple de loups, à la biologie inédite, qui sont extrêmement précieux pour la biodiversité", assure-t-elle. "Ces loups-là, ce couple, c'est un espoir pour la région. C'est possible de trouver des solutions, et c'est ce que nous sommes venus dire aujourd'hui", explique la présidente de l'association.
En parallèle, One Voice voulait aussi envoyer un message aux éleveurs. "On veut dire stop à cette haine qu'ont les éleveurs. Ils ont toutes les mesures financées par nous, les contribuables, pour permettre de protéger les troupeaux. Il faut qu'ils acceptent de travailler avec la nature, pas contre la nature. Cela ne peut pas être que des animaux d'élevage, et les autres qu'on peut chasser", déplorer Muriel Arnal.
"Cette haine du loup n'a pas de sens, si ce n'est dans les contes. Mais le grand méchant loup, ce n'est réellement que dans les contes. Nous travaillons avec des vétérinaires et biologistes d'autres pays, et eux parviennent à travailler avec les éleveurs, et il n'y a pas d'attaques dans ces régions-là, comme par exemple en Italie" Muriel Arnal, présidente de l'association One Voice
"Le dialogue n'est plus possible"
Du côté de la Cathédrale de Tulle, une autre manifestation avait lieu au même moment : celle des éleveurs, rassemblés sous les bannières des syndicats FDSEA et JA de la Corrèze. Et le son de cloche est tout à fait différent. "C'est énervant, fatigant et épuisant de se battre pour ce genre de choses" déplore Antoine Brousse, président des Jeunes Agriculteurs de la Corrèze. "C'est déroutant de se battre contre d'autres personnes qui sont censées nous soutenir. Sous couvert de biodiversité, pour défendre un couple de loups qu'on peut plus ou moins respecter, on est en train de faire éteindre l'espèce ovine sur le département, qui est déjà mal en point", explique l'éleveur.
Interrogé sur la possibilité d'échanger avec l'association One Voice sur leurs différentes positions, le président des Jeunes Agriculteurs a été catégorique. "Le dialogue n'est plus possible avec ce genre d'associations. On sent bien que chacun a son avis, et ne veut pas en démordre", lance-t-il, dépité. Une version qui s'est confirmée lors de l'échange houleux qui a eu lieu rue Souham, à Tulle, le long de la Préfecture en fin de matinée.
"Toucher des indemnisations suite à des pertes d'une partie de nos troupeaux, ce n'est pas concevable. Ce n'est pas notre vision de l'élevage. On ne veut pas élever pour, à la fin du mois ou de l'année, toucher un chèque de l'Etat parce que le loup nous a bouffé une partie de notre élevage. On est totalement contre cette cohabitation" Antoine Brousse, président des Jeunes Agriculteurs de la Corrèze
Une fin de matinée marquée par des échanges tendus
Après de longues minutes d'échange, les deux groupes n'ont pas su trouver de terrain d'entente, en ce mercredi 19 mars. Des cris de loups, ainsi que des slogans "le Loup a aussi le droit d'être ici" ont été entonnés par les manifestants de One Voice, tandis que du côté de la FDSEA et des JA, des banderoles affichant les carcasses d'animaux prédatés par les loups ont été brandies, afin de "confronter l'association à la réalité du terrain". Les deux manifestations ont pris fin aux alentours de 11h30, lorsque les membres de l'association One Voice devaient être reçus par la Directrice du Cabinet du Préfet de la Corrèze.
En parallèle, les syndicats agricoles ont annoncé le boycott de la réunion prévue ce jeudi 20 mars 2025, en Préfecture. "Cette Cellule Loup, elle n'apporte pas grand-chose. On compte le nombre de loups présents, on nous explique où ils se baladent, et on compte les animaux tués. Nous ce qu'on veut, c'est que l'on ait plus à compter les cadavres", lance Antoine Brousse. "On veut élever nos animaux, dans les zones les plus touchées, sans stress et sans la boule au ventre du matin, savoir combien d'animaux on va retrouver morts", conclut-il.